CORDAY D'ARMONT
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Pour bien comprendre le caractère de Charlotte Corday, il importe de connaître celui de ses parents qui eurent une influence marquante sur la jeune fille. Nous vous proposons quelques extraits de livre qui représentent à nos yeux une vision intéressante avant de présenter la généalogie des Corday d'Armont.
J.SHEARING ; Charlotte Corday, Jean-Paul Marat, Jean-Adam Lux
M. de Corday d'Armont, troisième fils de M. de Corday de Cauvigny, avait reçu de lui, en partage, la terre d'Armont qu'il considéra toujours comme une maigre portion, et la différence entre sa naissance et ses revenus l'avait souvent irrité depuis que, son éducation terminée, il avait quitté le collège de Beaumont-en-Auge, près de Pont-l'Evêque. Médiocre de caractère comme d'intelligence, il était simple dans ses goûts et dans ses opinions, et déprimé par la lutte qu'il devait soutenir pour élever une famille avec un revenu qui n'excéda jamais quinze cents livres. M. de Corday d'Armont avait l'apparence d'un vrai Normand : grand, robuste, avec une légère tendance à l'embonpoint, il avait les traits fins et réguliers, le teint vif entre rouge et or. Il habitait la Ferme clos Bois qui faisait partie (le domaine du Mesnil Imbert, et il avait pris pris en location les terres du Ronceray qu'il faisait valoir et où il mettait paître son bétail. Il ne dédaignait pas de se livrer aux travaux manuels.
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE L’ORNE - ESSAI DE TOPOGRAPHIE, DE STATISTIQUE & D’HISTOIRE DE LA COMMUNE DU RENOUARD - A. DALLET (1892)
Un autre fief s'étendait sur l'ancienne commune de Ménil Imbert ; c'était le fief de Cauvigny. En 1636, le fief de Cauvigny dépendait de la sergenterie aux Bruns, pour un quart de fief appartenant à Simon Turgot. Lors des recherches de la noblesse faites dans la généralité d'Alençon, vers 1666, par l'intendant Bernard de Marie, Guillaume de Corday, sieur de Cauvigny au Ménil Imbert, fut maintenu dans sa noblesse. Il portait d'azur aux trois chevrons d'or. Celle famille célèbre a plus d'un titre posséda le domaine de Cauvigny jusqu'au commencement du siècle actuel.
Jacques-Adrien
de Corday de la paroisse du Ménil Imbert se fit représenter à l'assemblée générale
des Trois Ordres, tenue en l'église Notre-Dame d'Alençon, le 16 mars 1789, par
N. Dumont. Son fils, Jacques-François de Corday, qui assista à cette assemblée,
fut un des signataires du procès verbal et de ceux qui votèrent pour s'en rapporter
aux États-Généraux, au sujet de la conservation ou de l'abandon des privilèges
en matière d'impôt.
Xavier
Rousseau : Les de Corday au Pays d'Argentan
JACQUES-FRANÇOIS DE CORDAY D'ARMONT ET
SA FAMILLE
Son
mariage. — Le procès avec les Gautier. — Décès de Mme d'Armont.
"Le
sixième enfant de Jacques-Adrien de Corday et de Marie de Belleau était Jacques-François
(sous-branche de Launay III. 6) ; il fut baptisé le 2 septembre 1737, au Mesnil-Imbert.
Selon une tradition assez suivie dans sa famille il entra dans l'armée, et ce
fut au régiment de La Fère-Infanterie ; il y est nommé enseigne le 9 novembre
1755, Le 17 janvier 1757 il était promu lieutenant dans la compagnie de Villeneuve
et suivit cette unité dans ses déplacements à Collioure, Montiouis, Perpignan.
Et
d’Armont se fixa à Noël, même année, au Ronceray, avec sa femme et son fils
Jacques-François-Alexis, né au Mesnil-Imbert au début de l'année, le 15 janvier.
C'est cette ferme que naquirent Marie-Charlotte-Jacqueline, le 7 avril 1766,
Marie-Anne-Charlotte, le 37 juillet 1768 et Jacqueline Jeanne Eléonore, le 13
avril 1806.
Vers
1774, d'Armont et les siens vont habiter le Mesnil-Imbert, sans doute à Cauvigny.
C'est là que meurt, le 17 août 1774, Marie-Charlotte-Jacqueline, enfant venue
avant terme et restée débile ; et que naît, le 19 septembre même année, un dernier
fils Charles-Jacques-François.
La sentence ne satisfit sans doute pas les deux parties,
et l'une d'elles se décida à «en rappeler à Caen» . Et voilà pourquoi messire
d'Armont, vers le milieu de 1776, élisait domicile à Caen, «rue Basse, paroisse
Saint-Gilles ». Il était alors fréquent que, pour mieux suivre un procès, les
Normands transportassent leurs pénates à portée de main des gens de loi. Notre
gentilhomme s'installa donc à Caen avec sa femme et ses enfants.
Les
revenus de la famille, suffisants à la campagne, devenaient à la ville bien
modestes. Mais Mme d'Armont, épouse et mère modèles, était encore une parfaite
ménagère, et déjà Marie-Anne-Charlotte s'appliquait à la seconder dans les travaux
de la maison". Quant à messire d'Armont il était lui-même fort ordonné.
Mme de Maromme déclare : « II avait l'habitude de mettre dans un tiroir ouvert
à tous ses enfants l'argent qu'il recevait. Il leur en disait le chiffre, leur
détaillait l'emploi qu'il comptait en faire, et par cette confiance il atteignait
pleinement son but. Il leur faisait connaître la modicité de ses ressources
et combien il fallait d'économie pour qu'elles pussent suffire aux besoins de
la maison ; aussi tous les enfants refusaient absolument tout achat superflu,
et chacun d'eux se multipliait en quelque sorte pour servir et aider de si bons
parents ».
M.
d'Armont songeait aussi à l'avenir de sa famille. Son fils aîné, Jacques-François-Alexis,
avait onze ans et le père désirait le faire admettre dans une école militaire.
D'Armont vint au Mesnil-Imbert pour consulter sa famille sur son projet, et
aussi pour extraire de ses archives les pièces établissant sa noblesse, les
titres prouvant que les Corday étaient « seigneurs de Glatigny, de Launay-Cauvigny,
et d'Armont en Normandie ».
Pendant
ce temps le gentilhomme faisait exploiter par son domestique ses terres du Mesnil-Imbert
et des Lignerits ; il les affermait en 1778.
Le
procès se poursuivait lentement ; le 15 mai 1781, il était en instance d'appel
devant le Parlement de Normandie. C'était le dernier ressort et le différend
serait bientôt tranché. Mais un malheur allait s'abattre sur la famille, Mme
d'Armont mourait le 8 avril 1782, en mettant au monde un sixième enfant qui
ne vécut pas. Malheur affreux surtout pour Charlotte. Quand il se sera fait
une raison de sa douleur, il songera que les fillettes, elles aussi, sont d'âge
à commencer leurs études. Ses ressources ne lui permettent pas de placer Marie
et Jacqueline dans les pensionnats recherchés de Caen. Il obtient leur admission
à la Sainte-Trinité de Caen, ou Abbaye-aux-Dames. Les dames bénédictines ne
tiennent pas pension, mais le roi a le privilège d'y placer cinq jeunes filles
nobles et sans fortune et sans qu'il en coûte rien aux parents. L'abbesse a
chaudement appuyé cette candidature, car sa coadjutrice est une Pontécoulant,
et les Pontécoulant, on le sait, sont alliés aux Corday.
CHARLOTTE
ET JACQUELINE A LA SAINTE-TRINITE
Les
fillettes ont bien compris quelle nécessité leur a donné pour pension un monastère
de religieuses cloîtrées. Sans doute, l'une de celles-ci, Mme de Louvagny, est
une cousine, et le ton de la maison sans austérité et même quelque peu mondain.
Quoi qu'il en soit, c'est à la détention qu'on condamne les petites d'Armont...
Surtout pour Charlotte, être indépendant, capricieux, quasi sauvage, habituée
à l'espace, à la liberté, à l'air pur des collines d'Auge..., on imagine quel
sera le supplice de chaque jour. Mais Charlotte a reçu dans sa famille des préceptes
de piété qui trouvent leur naturel développement dans les pratiques religieuses
de la maison. La fillette s'enflamme même bientôt de mysticisme.
LES
GRAVES PRÉOCCUPATIONS DE M. D'ARMONT
Depuis
1782, d'Armont exploite la ferme des Bois ; il va bientôt reprendre le Ronceray,
et s'est agrandi d'une petite bruyère par lui défrichée. Au pays d'Auge on fait
peu de culture, une servante et un domestique lui suffisent. Sans doute ce gentilhomme
ne met pas la main à l'ouvrage, mais il surveille et il donne ses instructions.
II
a encore une autre occupation absorbante : son procès avec les Gautier. Comme
nous l'avons dit, la question s'est compliquée du décès de sa femme et de celui
de sa belle-mère ; en sorte qu'il ne s'agit plus seulement d'une dot à récupérer,
mais encore d'une double succession à liquider.
L'avis
des beaux-frères est pris d'avance : ils entendent ne rien payer.
L'année 1783 se passe en échange de correspondances.
Le
pauvre homme est à ce point irrité qu'il se départit de sa douceur naturelle
; il se montre parfois, dans ces factums, « injurieux et diffamatoire »
: du moins les Gautier le prétendent et ils demandent la destruction de ces
libelles, et la publication du jugement que rendait le Parlement de Rouen, le
15 mai 1787. Car ce nouvel arrêt était encore à leur avantage. D'Armont obtenait
seulement la réserve ; l'estimation des droits de sa femme dans la succession
était confiée au conseil de famille. Mais ce tribunal de parents ne parvint
pas à arbitrer le différend et les relations, si elles ne cessèrent, du moins
devinrent tout à fait aigres.....
M.
d'Armont est syndic du Mesnil-Imbert, et enonçer par bienfaisance à des privilèges
pour ne pas être un jour, obligé de les abandonner par nécessité. Il les trouve,
dit-il, illégaux, injustes, contraires au bien public. Avec les économistes
il préconise l'attribution de primes aux manufactures, il étudïe encore les
conséquences du machinisme sur la main-d'œuvre, du défrichement des terres,
de la libre circulation de l'argent, de la banqueroute... (2).
Le
10 mars 1789 il figurera dans la représentation de la noblesse à l'Assemblée
d'Alençon, et sera d'avis, le 26, de s'en rapporter aux Etats-Généraux quant
aux privilèges d'impôts et s'en prend au droit d'ainesse.
TEMPS
NOUVEAUX, CRUELLES ALARMES
La loi du 14 mars 1790 a aboli le droit d'aînesse, et M. d'Armont exulte (i). Une deuxième joie l'attend, le retour de Marie à la suite de la loi ordonnant la fermeture des couvents. La Sainte-Trinité ne sera évacuée qu'en mars 1791, mais il semble bien que la jeune fille a pris les devants.
Effectivement elle assurera plus tard avoir « quitté l'abbaye pour se réunir à son père, privé depuis si longtemps de la société de ses deux filles ».
Tous
deux s'entretiennent souvent de politique. Charlotte, depuis longtemps, ne se
contente plus comme lecture de la Vie des Saints et des tragédies de Corneille,
de Racine et de Voltaire, elle se passionne maintenant pour les historiens de
la Grèce et de Rome, pour Rousseau et pour son disciple Raynal, qu'elle appelle
le vertueux Raynal. Elle lit encore le journal de Perlet, les écrits de Gorsas
et quantité de brochures qu'elle se fait envoyer de Paris.
Face
à un vieux gentilhomme, fidèle à la tradition de ses pères, royaliste jusqu'à
la moelle des os, la fille, nourrie de la lecture constante des auteurs grecs
et romains, manifesta quelques sentiments républicains que cette étude, méditée
dès sa plus tendre enfance, avait fait germer en elle avant même que la révolution
française commençât à les propager, les événements n'avaient fait que les développer
; ils existaient presque à l'état inné dans cette âme virile et fière. Les vertus
antiques excitaient son admiration et son enthousiasme. Elle méprisait nos mœurs
faciles et relâchées ; elle regrettait les beaux temps de Sparte et de Rome.
Les
opinions de sa fille désolaient le pauvre d'Armont déjà assez inquiet.
En juin 1791, Charlotte quitte le Mesnil-Imbert pour Caen.
Généalogie : RAMEAU D'ARMONT (Issu de la sous-branche de Launay)
Jacques-François de Corday d'Armont (s.-br. de Launay)né au Mesnil-Imbert, baptisé le 2 septembre 1737, prit le titre de seigneur d'Armont en épousant en cette paroisse, le 14 février 1764, sa cousine Charlotte-Marie-Jacqueline de Gautier, née aux Authieux le 13 mars 1737, morte à Caen le 9 avril 1782.
Ce
sont les parents de Charlotte.
II. — Jacques-François-Alexis de Corday d'Armont, né le 15 janvier 1765, au Mesnil-Imbert, il entra le 3 octobre 1785 comme sous-lieutenant de remplacement au régiment de Normandie. En 1791, il émigrait ; rentré en France le 5 août 1802 il fixait sa résidence rue de la Poterie à Argentan, puis au début de l'année suivante épousait au Faulq (Calvados), Marthe-Julie du Hauvel, de Lisieux, fille de Jean-Félix du Hauvel et de Marie-Anne-Madeleine de Gautier (1779-1828), sa cousine. Il mourut au Mesnil-Imbert, le 15 février 1809.
Tableaux proposés par Francis Rouchaud : corrections et compléments d'informations sont les bienvenus
Sources : Aucune garantie sur les informations fournies n'est donnée, vérifiez avec d'autres sources
Base : généalogie quebec : http://genealogiequebec.info/frames.html
Les de Corday au Pays d'Argentan de Xavier Rousseau (1938)
17 |
18 |
|
Jacques François de Corday d'Armont (1737 - 1798), né au Menil Imbert époux de Charlotte Marie Jacqueline de Gaultier de Mesnival (1737 - 1782) |
||
1 |
Jacques-François-Alexis de Corday (1765 - 1809), époux de Marthe Julie du Hauvel |
|
1 |
1 |
Marie Celina de Corday d'Armont (1804 -) |
1 |
2 |
Léon Maurice de Corday d'Armont (1806 - 1828) |
1 |
Charlotte Marie Anne de Corday (1768 - 1793) |
|
1 |
Éléonore de Corday (1770 - 1806) |
|
1 |
Charles François de Corday (1772 - 1795) |
Nous souhaiterions avoir des informations plus précise sur ces sujets. Si vous pouvez nous aider,