REFORME

&

CONTRE REFORME

cliquez sur le logo pour revenir à la page d'accueil

Remonter
Le pasteur Fouace
l'Abbé Crestey

La Réforme en Normandie

 

La Réforme ne se fit guère sentir en Normandie avant 1550, mais trouva ensuite un puissant écho, surtout à Caen. Bourgeoisie et moyenne noblesse adoptèrent la nouvelle religion. 

En 1562-1563, une grande partie de la Basse-Normandie faillit basculer dans le protestantisme à l’appel de Gabriel de Lorges, comte de Montgomery, le meurtrier de Henri II. L'autorité royale se trouva affaibli et les finances désorganisées. 

Entre 1562 et 1598, les guerres de religion (huit) opposèrent catholiques et protestants Elles s’inscrivent dans un contexte de querelle religieuse à l’échelle de l’Europe. Un épisode toucha précisément la région de Vimoutiers, les 22 et 23 avril 1589 quand les Gautiers furent exterminés après la défaite des troupes du Comte Charles de Cossé Brissac à Pierrefitte et à Villers par le duc de Montpensier.

Ces guerres civiles réduisirent les réformés à la condition d’une minorité très inégalement répartie. La fin des guerres civiles ne ramena pas aussitôt la prospérité.

L' Edit de Nantes

L'édit de Nantes fut signé par Henri IV en mai 1598. Ce n'est pas le plus favorable de ceux que l'ancienne monarchie octroya aux protestants.

A certains égards, le premier de tous, l'édit du 17 janvier 1562, dû principalement aux efforts de Coligny, était plus libéral, moins encombré de restrictions que celui de Nantes.

Mais ce dernier eut l'honneur insigne de clore pour vingt-cinq ans, l’ère des guerres de religion. Insuffisant et mal observé dès le début, il permit néanmoins à ceux que la Ligue avait épargnés, de donner la mesure de leur valeur et de leurs aspirations. Aussi ceux qui s'efforcèrent d'en empêcher la publication songèrent-ils, avant même qu'il eut porté ses fruits, aux moyens de le rendre illusoire et de préparer sa révocation.

Pourtant, Henri IV avait fait insérer cet article II :

« Défendons à tous nos sujets, de quelque état et qualité qu'ils soient, de renouveler la mémoire de toutes choses passées d'une part et d'autre, s'attaquer, ressentir, injurier ni provoquer l'un l'autre par reproche de ce qui s'est passé, pour quelque cause et prétexte que ce soit, en disputer, contester, quereller, ni s'outrager ou s'offenser de fait ou de parole; mais se contenir et vivre paisiblement ensemble comme frères, amis et concitoyens, sur peine aux contrevenants d'être punis comme infracteurs de paix et perturbateurs »

Assurément l'édit de Nantes n'est pas la liberté … Ce mot même ne, s'y trouve pas". Ce n'est plus non plus un traité de paix provisoire.

C'est une loi générale, fondamentale et définitive qui reconnait officiellement l'existence et le droit à l'existence de deux religions, qui permet que celle de la minorité soit célébrée publiquement dans 951 localités françaises qui proclame que la diversité des opinions religieuses ne doit exclure personne ni des écoles, ni des hôpitaux, ni d'aucune charge, ni d'aucune fonction.

(Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme français - 1898)

Par l'Édit de Nantes, le seigneur avait le pouvoir de nommer le curé de chaque paroisse. Néanmoins, le culte protestant s’y continuait.

Le début du XVII° siècle fut une époque de violents contrastes. D’atroces famines, des épidémies répétées, la pression fiscale sans merci d’une administration de plus en plus parisienne amenèrent des explosions violentes, comme l’insurrection des Nu-Pieds de Basse-Normandie (1639), cruellement réprimée par les agents de Richelieu. 

Mais c’est aussi le moment où la moyenne noblesse et la bourgeoisie enrichie par les offices parsèment villes et campagnes d’hôtels et de manoirs et donnent vie au plus brillant mouvement intellectuel issu de la province. Cette classe fait aussi un ample écho à la Contre-Réforme

 

Contre Réforme au Menil Imbert (1660-1676)

La paroisse du Mesnil Imbert comptait de nombreux protestants. A la fin du XVI° siècle, ils avaient fait bâtir un temple qui jouxtait l’église. Un cimetière protestant était situé à 100 mètres de l’église actuelle. Le «prêche» était desservi par Etienne Fouace (ou Fouasse), ministre aussi de ceux de Fontaine les Bassets et de Crocy. 

Pierre Crestey marqua son passage dans sa paroisse par la création d’un séminaire et surtout par sa lutte contre «l’hérésie huguenotte».

Pour éliminer Etienne Fouace, Pierre Cretey intenta un procès aux récalcitrants et pendant plus de deux ans multiplia ses démarches, bravant même des menaces de mort. 

Un arrêt du Conseil, rendu à Versailles, le 23 avril 1665, décida l’interdiction d’Etienne "Fouasse" et la démolition du temple.

Les religionnaires devaient abattre à leurs frais l’édifice, et, en outre, verser au curé, à titre d’indemnité, une somme de 400 livres. 

Pierre Crestey proposa de renoncer à cette somme si les adeptes de 1a religion réformée voulaient se convertir ; mais ceux-ci n’y consentirent point. 

Le curé acheta l’emplacement et y fit édifier une croix. Avec les 400 livres, il acquit à Vimoutiers en 1676 une maison dont il fit un hospice.

D’après le livre de Xavier Rousseau : Les de Corday au Pays d’Argentan.

La résistance des religionnaires

Registres de Crocy

M. Armand Benêt, archiviste du Calvados, signale l'existence aux archives communales de Crocy (Calvados), deux registres d'état civil protestant, de 1668 à 1678, et de 1674 à 1679 : plus une pièce, reconnaissance par Daniel Bourget, chirurgien à Crocy, l'un des anciens de l’Eglise prétendue réformée, ci-devant recueillie à Crocy, que Le Bailly, ministre Fontaine, où s'assemble le troupeau de Crocy, lui a mis entre les mains les registres d'état civil du ministre Pierre Le « Sauls », sieur du Sausé, ès Églises de Falaise, Crocy, Fontaine et le Ménil-Imbert, 1598-1620, un registre de Fouace pour Crocy, Fontaine et Ménil-Imbert, de 1634 à 1679, et un cahier, 1679.

La consultation de ces documents illustre leur résitance ... et correspond à la publication d'un texte (L’ancienne église reformée de Crocy - Calvados, au XVII° siècle) qui complète celui de 1899 : " Un coin de province : Falaise et ses environs (Bull. XLVIII, pp. 12-29.)

La pièce signée Daniel Bourget est du 19 avril 1683, donc postérieure à la suppression de l’Eglise.

< Jay, soubsiné Daniel Bourget chirurgien à Crocy, l'un des anciens de l'église prétendue réformée ci devant recueillie a Crocy, reconnais que Monsieur Le Bailly, ministre à Fontaines, ou s'assemblait le troupeau de Crocy, par l'avis et du consentement des autres anciens, m'a mis entre les mains en depost et en garde,

< Le registre d'état civil du ministre Pierre le Sauis, sieur du Sausé, ès Eglises de Falaise, Crocy, Fontaine et le Mesnil-Imbert ; registre contenant 52 feuillets. escrit depuis le 5 Juillet 1598, bapt. de Tobie Davois, et finissant 649° article qui contient le 19 juillet 1620 le baptême de Pierre Margerie ; et ensuite, huit feuillets de papier de mariages bénis par ledit sr du Sausé audites églises, dont le premier article est du dimanche cinquième jour dejuillet 1594 et le dernier du 26 décembre 1619,

«Un registre de 43 feuillets de baptistères qui ont été celébrés par Estienne Fouace en ces églises de Crocy, Fontaine et Mesnil-Imbert, à commencer du penultieme juillet 1634 et finissant le 17 mai 1679,

Un registre en forme de journal tant des baptemes et mariages célébrés par Estienne Fouace, ministre de Crocy, que des sépultures faites sous son ministère, à commencer du dimanche 1° janvier 1668 et finissant le 5 mars 1679,

Item un autre cahier contenant cinq feuillets de papier commençant du 7 janvier 1679 et finissant par l'enterrement de Marthe Roussel enterrée le 2 septembre 1679.

« Fait à Crocy ce 19 avril 1683

« D. Bourget.

(Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme français - 1901)

Ces documents permettent de constater que le protestantisme se prolongea dans les autres prêches d'Etienne Fouace, jusqu'à sa mort comme nous le verrons dans la page qui lui est consacrée ...

Mariage à Crocy d'un noble du Renouard : A la date du 10 mai 1976, figure le mariage de Thomas Le Merle, né de Jacques Le Merle, écuyer, sieur de Grandchamp, « capitaine apointé de cavalerie à la suite de la compagnie de gendarmes de la garde du roy », et de Madeleine de Bonvoust ; âgé de 38 ans et de demoiselle Judith Jean, fille de feu Raven Jean, escuier, sieur de Versainville, et de noble dame Jeane de Calmesnil, âgée de viron 30 ans ».

Les protestants de Trun, qui avaient comme seigneur l'Abbé commanditaire de l'Abbaye aux Hommes de Caen, trichaient un peu pour ne pas être trop mal avec la seigneurie. Ils prenaient un bout de messe avec les catholiques et allaient au prône à Fontaine les Bassets distant de 2 km. Cela se passait à peu près sans trop de heurts. Les catholiques brocardèrent les protestants de Trun en donnant une fameuse réputation de rouées aux Trunoises qui se moquaient de leurs vieux barbons de maris et les faisaient passer pour n'être pas très... très dégourdis. 

Beaucoup de protestants partant du principe que Paris avait " bien valu une messe" pensèrent qu'une conversion plus ou moins sincère éviterait bien des ennuis. Savoir plier pour ne pas rompre était nécessité. 

Légendes ou propagande

Dans les temps anciens, la propagande a pris des formes adaptées aux mœurs, façons de vivre, religions, etc... Certaines populations et bourgs étaient gratifiés de "on-dit" sur ce qui les différenciait des autres et cela se traduisait par des rosseries ou légendes. 

Toutes ces histoires parlent des luttes entre protestants et catholiques

A Ecouché une rue où il y avait de nombreux protestants fut baptisée rue aux Oies. Les Argentanais disaient qu'il ne pouvait venir rien de bien de la direction d' Ecouché, que du vent ou de la tempête. Les protestants d'Ecouché allèrent au temple de Joué du Plain tant que dura l' Edit de Nantes. Sa révocation entraîna bien des changements. 

Beaucoup de protestants partant du principe que Paris avait " bien valu une messe" pensèrent qu'une conversion plus ou moins sincère éviterait bien des ennuis. Savoir plier pour ne pas rompre était nécessité. 

Les convertis d' Ecouché, qui aux yeux de certains n'étaient pas trop catholiques, décidèrent de faire un geste et d'offrir un Christ peint à leur église. Cela eut lieu sans doute, mais de mauvaises langues prétendirent que, à la question "Voulez-vous le Christ couleur cadavérique ou vivante ?" ils répondirent "Faites le vivant, s'il nous gène, nous l'tuerons bien". Vraie ou fausse, l'histoire fut colportée et est restée dans une mémoire collective dont le but était de se moquer des convertis d' Ecouché.

Si l'on peut regarder, maintenant, avec un peu de bonne humeur, certaines de ces histoires, il n'en fut pas toujours pareil. 

Charles Malsoute - Mai 1981

Si vous avez des informations complémentaires,

si vous pouvez nous aider,

Contactez-nous